Inventaire de gestes
Séquence de 5 photographies argentiques tirées sur film transparent. Bois et plexiglas
Rose in the fighters kingdom
série de 16 photographies argentiques tirées sur papier mat Hahnemühle Photo Rag 308g
2019_ EXPOSITION PERSONNELLE AU GRAFFALGAR
Rose in the fighters kingdom est un projet photographique à la fois documentaire et plastique, né de ma rencontre avec la championne de boxe Nong Rose. Du camp d’entrainement de Phimai aux ring de Saraburi et Pattaya, ces images réalisées en Thaïlande tentent de dresser le portrait d’une jeune femme qui quotidiennement, combat et remet en question les normes de genre oppressives du sport de compétition.
J’ai entendu parler de Nong Rose en février 2018, à propos de son combat contre le strasbourgeois Akram Hamidi, à Paris. Surnommée par la presse "The Iron Knee" (le genou d'acier), ou encore "The Poison-Bathed Rose" (La rose baignée de poison), elle se bat en compétition masculine depuis toujours. Elle est aujourd’hui la première championne transgenre a avoir combattu en France dans une compétition internationale.
Or, les sports de combat me fascinent depuis des années. Ce n’est ni lié à la pratique en elle même, ni dans un attrait spécifique pour la violence. C'est que je vois à travers l’entrée de chaque femme sur un ring ce que le territoire extérieur, physique et politique, leur refuse. Les notions de force physique, de violence, de la puissance du corps. Alors que la société nous vend perpétuellement l’image de femmes fragiles et vulnérables, elles ont ces corps et cette force que je ne vois nulle par ailleurs. Figures ornementales et éthérées, l’archétype féminin de beauté actuel prône un imaginaire où les femmes sont incapables d’interagir concrètement avec le monde, hormis lorsqu’elles consomment. A contrario, le corps musclé, le corps qui frappe avec puissance, lui, existe. Il s’impose au monde. Il ne se prétend pas différent de ce qu’il est, c’est a dire fort.
Cette série d’image s’inscrit dans un projet documentaire plus global intitulé Girls wanna have strength, qui vise à arracher le concept de virilité aux sports de force et de combat, afin de casser les barrières des stéréotypes propres à ce domaine, dans leur pratique et leur représentation. Cette série de portraits en cours est soutenue par la bourse Expérience de jeunesse de la Région Grand Est.